Peut-on réaliser une réforme du système scolaire et d’enseignement sans la contribution directe des principaux concernés ? Bien sûr que non. Leur apport est indéniable et incontournable. Autrement dit, il n’y a pas de place aux intrus et autres opportunistes.
Quand il s’agit de mener une telle entreprise, force est de se doter de tous les moyens à même d’assurer la réussite du projet. Pour ce faire, il est bon, d’abord, de retenir les fondamentaux. Ensuite, envisager une nouvelle orientation novatrice et, en fin de compte, s’entourer de toutes les garanties de pérennité et de viabilité.
La voie est tracée
C’est ainsi qu’il sera possible de récolter les fruits de cet aggiornamento tant attendu et qui a été à l’origine de nombreux débats. Il n’est pas question de repartir à zéro comme certains le laissent penser. Bien du chemin a été fait tout au long des sept ou huit années passées. Les consultations nécessaires ont, déjà, été faites et ont touché à tous les aspects. Des propositions concrètes ont été formulées par les experts et les spécialistes dans le domaine de la pédagogie, des sciences humaines et dans d’autres domaines en lien avec les méthodes et techniques de l’enseignement. En somme, tout est prêt et n’attend que la mise en œuvre dans les plus brefs délais avec la mobilisation des moyens financiers, humains et infrastructurels.
N’oublions pas que plusieurs commissions au niveau tant régional que national se sont longuement penchées sur les différentes problématiques liées à la réforme globale de l’enseignement et ont, par conséquent, apporté les réponses adéquates. Le tout est consigné dans des documents qui sont à la disposition des deux ministères chargés de l’enseignement. C’est-à-dire le ministère de l’Education et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. D’où, il paraît inutile de refaire le même parcours et perdre un temps précieux pour aboutir aux mêmes résultats. La voie est déjà tracée. Il suffit de la suivre.
N’est pas enseignant qui veut
Puisque les objectifs sont clairs, il nous semble très important d’en rappeler les grandes lignes et les principaux axes sur lesquels doit s’articuler la future réforme.
En premier lieu, on ne peut pas négliger le côté ressources humaines. Notamment le corps enseignant et celui de l’encadrement. Le recrutement des enseignants devrait, dorénavant, se faire par le biais des écoles normales ou normales sup comme cela se faisait avant. En outre, tous les personnels devraient bénéficier de cycles périodiques de formation et de recyclage.
Quant à l’entretien et à la maintenance des équipements, il faudrait rechercher d’autres sources de financement des établissements éducatifs en plus du budget réservé par les ministères concernés. On citera l’exemple de certains établissements qui disposaient de ressources propres à travers les “habous” jusqu’au début du siècle dernier. S’agissant de l’enseignement de certaines matières, dont en particulier ce qu’on appelle les “éducations” (artistique, musicale, théâtrale etc..), un autre sort doit leur être réservé. On pourrait les exploiter sous forme d’activités périscolaires.
Notre histoire est à réécrire
Pour ce qui est de l’enseignement de l’histoire, on voit que les apprenants ne bénéficient pas de l’apport qu’on en attend. Une bonne partie de l’histoire de notre pays est à revoir. Il serait très important de noter que cette histoire que nous enseignons à nos enfants a été écrite par ceux qui ont dominé cette terre et l’ont façonnée chacun à sa manière. Il y a eu plusieurs sources.
Si on en vient à l’enseignement de l’arabe, il n’échappe à personne que l’élève tunisien éprouve des difficultés à la manipuler. Ce n’est pas sa langue parlée comme c’est le cas dans d’autres pays où les gens parlent et écrivent la même langue. Du coup, la maîtrise en devient difficile. Quant au français, ce n’est pas une langue destinée à l’usage conversationnel. Ainsi, le jeune Tunisien se retrouve incapable, en fin de parcours, de bien s’exprimer dans l’une ou l’autre des deux langues.
Priorité à notre culture
Dans les programmes d’enseignement de la langue arabe on privilégie des auteurs non tunisiens. On étudie des poètes arabes antéislamiques (de la jahilia) ou appartenant à un espace géographique qui ne leur est pas familier. La portion congrue revient à un nombre très réduit de nos écrivains et poètes tunisiens.
Il faudra, désormais, accorder une meilleure place à notre littérature. C’est faire preuve de patriotisme et d’appartenance à une identité authentique que d’accorder la priorité à nos hommes de lettres et penseurs.
Pour finir, on ne manquera pas de signaler la nécessité d’inculquer nos valeurs aux générations montantes non seulement à travers des formalités comme le salut quotidien du drapeau mais à travers des actes. Dans ce contexte, le rôle des organisations sociales comme les scouts sont à solliciter et à encourager. Cette organisation doit être soutenue pour qu’elle retrouve sa force d’antan et qu’elle soit capable d’appuyer les efforts de l’institution scolaire. C’est à travers de telles contributions que nos jeunes pourront mieux apprécier le sens du civisme et du volontariat.